Catherine Bodmer

DESCRIPTION DES INSTALLATIONS (sélection)

Wash and Dry Inside Out, 1997
Ruban à masquer, savons liquides, eau, éponges, cotons-tiges, brosses
Performance (Centre de diffusion CDEX de l’Université du Québec à Montréal / Galerie SAW, Ottawa, 1999

Wash and Dry Inside Out est conçu comme un rituel de nettoyage et consiste à marquer et à purifier un lieu particulier, incluant l'artiste, avec beaucoup d'eau et de savon. De façon répétée, l'artiste délimite des secteurs sur les murs, sur le sol, sur son corps avec du ruban à masquer, et l'enlève et le dépose sur un tas une fois que le secteur est nettoyé. En traitant toutes les surfaces de la même façon, l'artiste brouille les limites entre le corps et l'architecture, entre l'espace intime et l'espace public. L’action ne tient pas compte du spectateur, elle montre l'enfermement de l'individu dans la répétition. Wash and Dry Inside Out a été présenté dans le cadre de l’événement Du lèche vitrine - Cabinet d’actions curieuses, dans la vitrine du CDEX au centre-ville de Montréal (tous les soirs de 20h à 21h pendant une semaine), ainsi que pour l'événement ether - an afternoon of ambient performances, dans le portique de l’ancienne Cour d’Ottawa (aujourd’hui « Cour des Arts/Arts Court »), pendant une durée de cinq heures.

 

Embruns, 1998
Poudre à savon, photographies dans sachets de plastique
Installation (articule, Montréal / Epicentro, Mexico D.F., 2003)

Avant même d'entrer dans l’espace, les visiteurs sont accueillis par l'odeur citronnée de savon provenant d’une grande masse de poudre à lessive dispersée au sol de la galerie. Bien qu'associée à la fraîcheur, à la propreté et au bien-être, la fragrance devient de plus en plus présente et agressive. Dispersées sur les murs se trouvent de petites photographies qui retracent des objets oubliés dans les poches de vêtements, et qui, retenus par les filtres de sécheuses, ont été récoltés dans plusieurs buanderies publiques pendant un an. Parfois surexposées, «délavées», les petits objets semblent disparaître dans le fond blanc et perdre leur substance.

Texte d'Annie Poulin : cliquez ici.

 

Or, 2001
Poudre de bronze dorée, eau, texte sous plexiglas
Intervention dans un hôpital désaffecté (Hôpital, projet in situ organisé par articule, Hôpital Bellechasse, Montréal)

L’artiste intervient dans le lieu de manière à suggérer un parallèle avec un organisme contaminé. Une baignoire, ainsi que plusieurs toilettes et lavabos à travers l’étage sont remplis d’eau. Sur la surface d’eau flotte une mince couche de poudre d’or. Au cours de l’exposition, s’y forment des fissures et des signes d’oxydation, renvoyant aux perturbations atmosphériques et au processus d’évaporation de l’eau. Un texte semi-fictif sur le mur de chambre décrit en détail les bénéfices de « l’or potable » - d’après les alchimistes un élixir pouvant guérir toute maladie et prolonger la vie.

 

Bounce-d, 2002
Filtres métalliques, tuyaux de sécheuse, néon, texte
Intervention (Fluid, Galerie 101, Ottawa)

Cette oeuvre in situ consiste à vaporiser l’odeur de « Bounce » à travers plusieurs orifices d’une galerie aux murs blancs. L’utilisation de l’odeur se veut discrète, est remarquée surtout lorsque l’on se rapproche des orifices. Pour des raisons de menaces perçues pour la santé publique et celle des employés de la galerie, ce projet n’a pas pu être présenté dans sa conception initiale. Une version modifée, incomplète (ni vapeurs, ni « Bounce »), a été présentée en incluant un texte sur le mur avec des questions sur nos pratiques d'hygiène, de propreté et d’exclusion.

 

Bounce, 2003
Humidificateurs, tuyaux de sécheuses, filtres, néon, odeur : « Bounce »
Intervention (Triennale de la relève québécoise en arts, L’Art qui fait Boum!, Marché Bonsecours, Montréal / La mouvance, Expression, centre d’exposition de St.Hyacinthe (QC), 2004)

Cette oeuvre in situ consiste à vaporiser l’odeur de « Bounce » à travers plusieurs orifices d’une galerie aux murs blancs. L'oeuvre (dans sa forme intégrale) a été présenté à deux reprises. Dans le cadre d’une exposition collective, les vapeurs odoriférantes s’échappaient à travers plusieurs orifices dans les murs de la galerie. Dans une autre version, l’œuvre occupait une salle entière, intégrant les bouches d’aération du plancher de la galerie. En s’approchant des orifices, on entend le bruit amorti de gouttelettes d’eau et on sent une odeur de « Bounce » se répandre; odeur familière que l’on associe généralement à la buanderie, au linge propre et au bien-être. En infiltrant subtilement la galerie avec des vapeurs odoriférantes, Bounce évoque la purification des corps et des lieux. Comment nos obsessions du propre peuvent affecter nos espaces physiques et mentales, les relations sociales, ainsi que nos utopies et idéologies?

Texte de Jim Drobnick : cliquez ici.

 

Échantillons, 2002
Charpie de sécheuse, papier calque, néon
Dessin "La montagne de Sisyphe", graphite sur papier
Installation (Plein Sud, Longueuil / Au travail, Musée régional de Rimouski, 2010)

Dans sa forme initiale, l’oeuvre Échantillons se présentait comme un labyrinthe de lisières de charpies de sécheuse, suspendues à la grille du faux-plafond de la galerie. En circulant, le visiteur découvre les nuances infinies de couleurs et textures, ainsi que l’aspect intime et fragile de ces résidus domestiques. Pendant plusieurs années, l’artiste a collectionné et agencé minutieusement les morceaux de charpies colorés, provenant de buanderies publiques ainsi que de plusieurs personnes de son entourage. Par la quantité quasi-industrielle de ces accumulations se crée une distance, renforcée par l’utilisation du néon et par la mise à nu de la structure de l'architecture, du plafond. L'oeuvre souligne non seulement ce qui est normalement caché ou en périphérie de notre attention, mais tisse aussi un lien avec la figure de Sisyphe, questionnant le gouffre qui se cache derrière nos routines et nos obsessions de tous les jours.

Texte de karen elaine spencer : cliquez ici.

 

Desinfectado, 2003
Installation et performance dans une chambre d’hôtel (Vitae dans le cadre de Voilà Québec en Mexico!, Hotel Isabel, Mexico D.F.)

Ce projet était porté par l’idée d’importer un stéréotype canadien au Mexique - une forêt de pins artificiels composée de 500 petits cartons odorants (connus sous le nom “Little Trees”).  Rappelant aussi les divers sachets à connotation magique que l’on trouve au Mexique, les petits pins étaient scellés dans des sachets, suspendus au plafond d'une chambre d'hôtel et distribués aux visiteurs lors du vernissage. À l’intérieur des sachets se trouvaient quelques poils pubiens que l’on remarquait qu’au deuxième regard. Lors de la distribution des sachets, des petits papiers imprimés avec le mot Desinfectado - tel une marque de produit - étaient ajoutés aux sachets, ainsi qu’un deuxième mot provenant d’une collection de mots que j’ai traduits en espagnol (et épinglée sur les murs) pendant mon séjour à Mexico. Ces mots étaient en lien avec l’identité, les stéréotypes culturels, le territoire inconnu.

 

Réservoir, 2006
Bouteilles, eau, plantes aquatiques, néon
Installation (Nature in the Garage, Harbourfront et Galerie 1313, Toronto / Galerie B-312, Montréal, 2007)

Réservoir est une installation qui comprend 150 grandes bouteilles d’eau disposées en rangées dans un lieu clos. Les conditions micro-climatiques qui s'installent dans le lieu et dans les bouteilles, permettent de cultiver des plantes aquatiques à l'intérieur de chacune. Les plantes utilisées ont des caractéristiques contradictoires. D’une part, elles ont la capacité de purifier l’eau et de prévenir la croissance des algues, d’autre part, elles sont envahissantes et souvent considérées elles-mêmes comme une peste. Conçue d'abord pour une remise de jardin placée dans l'espace public à Toronto et intitulée Pause (Réservoir I), l'oeuvre a été adaptée par la suite pour sa présentation dans un espace de galerie. Contenant dans contenant, espace clos dans espace clos, la vie intérieure des bouteilles entre en relation étroite avec le lieu et les conditions qui lui sont propres. Plongée dans la lumière naturelle extérieure ou munie d'un système d'éclairage spécialement conçu pour la version en galerie, l'installation fait référence à une sorte de laboratoire ou d'incubateur de matière vivante. Contenues, mais non-controllées, les plantes compétitionnent entre elles et réagissent de différentes façons à leur environnement - dans les bouteilles du haut les plantes prospèrent, dans celles du bas, elles se décomposent. Lorsqu’on s’approche et qu’on regarde par l’ouverture des bouteilles, un glissement d'échelle s'opère entre vie intérieure et monde extérieur. Le plan rapproché et la variété des plantes génèrent autant de paysages imaginaires que de variations d’un même paysage, se déclinant à l'infini.